Un exemple d’observation :
Je veux concevoir une solution innovante pour transporter les affaires personnelles (porte feuille, téléphone, clef, … ) en milieu urbain car je pense que les sacs à main sont une gêne quand on marche vite.
Questions que je me pose : Combien de personnes utilisent un sac à main ? A quelle fréquence ouvrent-t-elles leur sac ? à quelle vitesse les gens marchent dans la ville ?
Parti pris initial de l’étude : milieu urbain
Mes biais potentiels : surestimation de la gêne et du nombre de sac à main
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Etape 1 : Définir les paramètres et les contextes d’observations (où? quand?)
Paramètres principaux : vitesse de marche et sacs portés
Paramètres secondaires : le sexe, le nombre de personnes accompagnants, la trajectoire (je pense que le nombre de personnes avec qui on circule en ville et la trajectoire sur la place peut modifier la vitesse de marche et le nombre de sac ex : je ne prends pas de sac à main car mon homme prend son sac à dos)
Où observer pour ma problématique ?
Là où les gens marchent vite
- Près des lieux de travail, des écoles
- Près des transports en communs
- Dans les grandes villes pour avoir plus de personnes
Là ou il y a le plus d’interactions avec le sac et les affaires personnelles
- En entrée/sortie de transport en commun, des véhicules et du domicile
- Sur des grands lieux de passages et de rendez-vous
- A proximité des commerces, dans les commerces
Je choisirais donc de faire 2 observations finales : une à Lille et une à Montpellier sur les places les plus fréquentées (Opéras)
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Lille le 21 décembre 2016 Montpellier le 12 janvier 2017
Quand observer pour ma problématique ?
Entre midi et deux, le moment selon moi où il y a le plus d’interaction. Idéalement, je devrais observer sur un créneau plus vaste.
En hiver, c’est là où il y a le plus de contraintes (manteau, gant, chapeau, …)
Même si on n’a pas toujours le choix de la durée et du lieux d’observation, il faut noter que l’observation peut etre biaisée.
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2. Etape 2 : Pré-observation :
Avant l’observation, je réalise TOUJOURS une pré-observation
La pré-observation sur dix minutes m’a permis de faire la liste des comportements suivants :
- Il y a des gens qui s’arrête (selfie, recherche d’un lieu, d’une personne)
- Il y a des gens qui ralentisse / accélère
- Il y a des différentes vitesses de marches que je dois objectiver et catégoriser
- Les gens qui marchent avec un téléphone vont moins vite
La pré-obsevation sur trente minutes :
- Il y a une influence du nombre d’accompagnant sur la vitesse de marche (les couples marchent plus lentement)
- Certaines personnes courent (je n’en avais pas observer dans les dix premières minutes)
- Il y a des trajectoires sur la place où les gens vont plus vite
La pré-observation sur la journée :
- Il y a des moments où il y a plus de poussettes et de famille (entre midi et deux et après 16h)
- Il y a des moments où les gens courent (vers 9h et 13h)
- Il y a des groupes scolaires, des militaires et des policiers qui sont passés
- Il y a des animations à certaines heures (manège à 15h-19h)
- Les lieux d’arrêts sont homogènes (escaliers, coins)
- Il ne me semble pas y avoir de differences entre les hommes et les femmes sur la vitesse de marche
La durée de la pré-observation doit etre suffisante pour identifier les phénomènes marginaux.
3 . Etape 3 : Grille – Observation
Après cette première observation, je construis ma grille collective et je réalise 2 observations :
- 1 à Lille entre midi et deux un jeudi avant Noel
- 1 à Montpellier entre midi et deux le premier jeudi des soldes

Etape 4. Relevés
Etapes 5. Analyse et conclusions
Une fois que j’ai atteint suffisamment de personnes (ici, 200 à Lille, 200 à Montpellier), j’analyse mes données.

Je note :
- que les gens seuls marchent plus vite
- que les femmes portent plus de sacs que les hommes
- que certaines trajectoires sur la place sont empruntés par des gens qui marchent très vite
- que les gens à couple marche très lentement
- que les gens à Montpellier marche plus lentement qu’à Lille, portent plus de sacs et sont plus souvent accompagnés.
J’ai fait le rappel des hypothèses :
- Que le comportement dans les grandes villes et le même que dans les villages.
- Que la vitesse de marche ne change pas dans l’année
Je conclus
- Que mon marché est vaste : 35% des personnes marchent vite, courent ou font du vélo et porte un ou plusieurs sacs.
- Que seuls 15% des hommes utilisent un sac => Je les exclus de ma cible
- 20% des personnes se servent de leur sac entre les trajets => La facilité à ouvrir mon sac est non prioritaire
- Les sacs ne sont pas une gêne, seul 2% des gens ont du ralentir/s’arrêter pour remettre le sac en place
Mon étude était limitée :
- car en période de Noel et de soldes, les gens portent probablement plus de sacs (achats),
- car j’ai étudié l’hiver et qu’il est possible que les sujets possèdent des sacs d’été/sacs d’hiver
Ma solution innovante : un sac qui permet d’accrocher les autres sacs de courses
L’art et la manière de poser les bonnes questions
Impossible de prétendre faire de l’UX sans interroger son client. Or poser LA bonne question est un ART à part entière dont la science s’appelle la Questiologie. Un bon questionnaire permet de modéliser le comportement du consommateur et de prédire sont comportement futur.
Alors comment poser les bonnes questions ? Quels sont les principaux biais et pièges ? Et comment les éviter ? Comment interpréter les réponses ?
Albert Einstein disait : « Si j’avais une heure pour résoudre une problème, je passerais 55 minutes à définir le problème et seulement 5 minutes pour trouver une solution ».
Qu’il s’agisse d’explorer ou de valider un produit/service au travers un interview, un test produit ou un questionnaire on line, la science du questionnement est un incontournable de l’expérience utilisateur.
Poser LA bonne question, choisir les bons mots, la bonne formulation et employer l’échelle adéquate pour explorer ou pour valider est tout un art.
Qu’il s’agisse d’une entretien, d’une table ronde, d’un test produit ou d’un questionnaire on line, il est déterminant de savoir poser les questions au risque d’influencer les réponses et d’obtenir des réponses inexploitable et non représentatives de la vraie vie. Ecrire un questionnaire est un processus itératif, il faut bien prendre le temps de le construire au risque de ne pas pouvoir exploiter les résultats.
Quelque soit la méthode que vous allez utiliser (table ronde, on line,…), les étapes sont toujours les mêmes :
2. Les erreurs les plus fréquentes
Idéalement, il faudra éloigner /séparer les questions d’évaluation et les questions de décisions.
NB : Attention au question qui porte sur la beauté (look, design, aspect) et sur le prix. Il existe des techniques de questionnement précise.
3. Astuces :
Soignez l’introduction du questionnaire, elle doit impliquer le répondant sans l’orienter.
Pour pallier au phénomène d’amorçage : toujours commencer par des « questions défouloirs ». D’autant plus que si l’interviewer est stressé, excité ou de mauvaise humeur, ces questions vont lui permettre de se lâcher pour mieux se concentrer sur les questions suivantes.
Question en entonnoir : partir des considérations les plus générales aux plus précises
Remercier en fin de questionnaire
3. Psychométrie et statistique
Nous allons aborder maintenant l’aspect statistique des questionnaires de manière light car chaque cas est unique.
N’oubliez pas que même si les questions sont bien formulés, il faut absolument exploiter correctement les résultats => moyenne, écart type, répartition, p-value, corrélation entre les questions, ACP, Alpha de Cronbach,…
De même, on oublie par exemple très fréquemment de vérifier la représentativité de la population étudiée…
Passons maintenant à un thème plus avancé : l’élaboration de questionnaire psychométrique
Un questionnaire psychométrique est un questionnaire qui est fidèle, sensible et valide (voir plus loin) et qui permet de modéliser le comportement. C’est un outil en or pour créer une segmentation utilisateur.
Comment créer un questionnaire psychométrique ?
3.Validation statistique des questions (ACP) et élimination des questions (sur 100 personnes environ)
On se rend compte qu’il existe une forte corrélation (significative) entre « Je suis végétarien exclusif » et « Je ne mange pas d’animaux » . Ces deux questions mesurent la même chose.
En revanche, il n’y pas de corrélation entre « je suis végétarien exclusif » et « j’évite de manger de la viande »
3. Etudes on line sur 1000 personnes et vérifier les dimensions
Conclusions de l’étude
Ma cible :
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